Entretien des Trentenaires pour François Fillon avec Benoist Apparu, Ancien ministre du Logement, député de la Marne : son avis sur la campagne pour la présidence de l’UMP

Vous avez décidé de ne pas prendre position dans cette campagne pour la présidence de l’UMP. Pour quelles raisons ? Ne pensez-vous pas qu’il est difficile de demander aux militants de s’engager dans cet exercice démocratique et de ne pas le faire soi-même ?

Vous avez raison les militants attendent des cadres qu’ils s’engagent. Etre un décideur politique, c’est choisir et je comprends que les militants puissent être déroutés par la position que j’exprime. J’ajoute que beaucoup peuvent avoir le sentiment que je ne souhaite pas participer à cette campagne pour ménager l’avenir. Tel n’est pas le cas. J’ai proposé une autre ligne. J’ai souhaité que le président de l’UMP soit désintéressé par 2017 car à partir du moment où nous avons accepté le principe des primaires, il n’est pas nécessaire de trancher dès aujourd’hui la question du leadership pour la prochaine présidentielle. Je pense même que cela peut représenter un danger pour notre formation politique car celui qui va perdre l’élection le 18 novembre va commencer sa campagne pour les primaires de 2016 dès le lendemain de sa défaite ! Il est beaucoup trop tôt pour engager le combat interne pour 2017. J’aurais préféré que la préparation d’un projet d’alternance soit déconnectée de la question du « leadership ». Je veux alerter les uns et les autres sur le risque que représente la confusion des échéances.

Que l’on se comprenne bien, je vais évidemment voter le 18 novembre, et je sais d’ailleurs pour qui, mais je ne souhaite pas participer à cette campagne, sauf si j’observe trop de dérives.

Par ailleurs, j’ai choisi de m’engager dans le débat sur les mouvements en parrainant « la boite à idée ». J’approuve leur démarche générationnelle qui devrait séduire les jeunes actifs. Cette génération est la génération UMP, ils n’ont pas connu les anciennes familles politiques et défendent ce qui fait le cœur de l’UMP.

Vous êtes attaché aux valeurs humanistes portée par l’UMP et à une ligne farouchement républicaine, celle partagée par François Fillon. Que pensez- vous des dernières phrases de Jean-François Copé  sur le pain au chocolat ou le racisme anti-blanc, stigmatisant une partie de la population à des visées purement électorales ? Vous reconnaissez vous dans cette ligne ?

Nous savons tous que les campagnes électorales sont trop souvent propices à des caricatures qui ne sont pas très utiles. Tout cela ne va pas dans la bonne direction. Nous devons rester équilibrer dans nos positions et cesser de courir après tel ou tel. J’ajoute que je ne crois pas à cette théorie qui consiste à dire que nos militants seraient plus à droite que nos électeurs. Les campagnes sont aussi souvent l’occasion pour les différents « camps » de s’envoyer des « fleurs ». Nous devons éviter ces dérives inutiles.

Dans un contexte de crise comme celui que nous traversons,  quelle devra-t-être, selon vous,  la responsabilité du prochain président de l’UMP ? Ne doit-il pas incarner outre la voix de l’opposition, une capacité de rassemblement, une espérance, une alternance crédible pour que l’UMP puisse à nouveau convaincre et rassembler ?

Le prochain président de l’UMP devra assumer un quadruple rôle : préparer un projet d’alternance crédible, rassembler notre famille politique dans toute sa diversité et au- delà rassembler le centre et la droite, préparer les échéances électorales futures et notamment les élections locales et s’opposer fermement mais intelligemment au gouvernement actuel.

Bien évidemment j’essaierai dans les 5 ans qui viennent de porter ces débats, de participer notamment au renouveau nécessaire de notre pensée.

Au-delà du projet entraînant que François Fillon nous propose pour la France, les jeunes actifs  attendent un renouveau de l’UMP et nous sommes séduits par ses propositions de démocratiser notre mouvement, de valoriser le militant, de créer un réseau social interne pour faciliter nos échanges et notre mobilisation, etc. Quel regard portez-vous sur son projet pour l’UMP et sur son projet pour la France ?

J’imagine que tous les candidats veulent démocratiser notre mouvement, et valoriser le rôle des militants ! Je porte un jugement positif sur le projet de François Fillon pour la France et notre mouvement comme d’ailleurs sur des idées présentées par Jean-François Copé. Heureusement d’ailleurs ! Nous sommes tous dans la même formation politique et ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous différencie.  Nous devons rester nous même, sans chercher à singer les uns ou les autres. Je regrette les prises de position de certains qui vont trop loin et je pense notamment à certains mouvements.

De la gauche à l’extrême droite François Fillon est la personnalité politique de droite  préférée et celui que les sympathisants de droite veulent dans leur écrasante majorité (plus de 70%) comme Président de l’UMP. Cette popularité et cette confiance en François Fillon  chez nos sympathisants n’est-elle pas un atout pour l’opposition s’il est élu président de l’UMP ?

Il est évidemment préférable d’être populaire plutôt qu’impopulaire mais j’avoue que la démocratie d’opinion me gêne profondément. Heureusement que Jacques Chirac a su dépasser les sondages sinon il n’aurait jamais été élu Président de la République, heureusement que Nicolas Sarkozy a su dépasser les sondages sinon il n’aurait jamais été candidat en 2012, mener cette formidable campagne et réaliser un score inespéré six mois avant. La démocratie d’opinion ne peut devenir notre seul guide pour désigner nos candidats et nos dirigeants. C’est un atout mais c’est loin d’être suffisant car chacun sait et peut mesurer en ce moment même que les sondages bougent très vite.

NB : Nous observons que les sondages sur la côte de popularité de François Fillon sont constants depuis des années, de même d’ailleurs que ceux de son concurrent dans cette campagne.