Déclaration de François Fillon
Mardi 27 novembre 2012
Seul le prononcé fait foi
Mes chers amis,
J’ai souhaité, ce matin, vous réunir pour vous parler avec franchise et vous soumettre mes propositions.
Notre parti est dans la tourmente et il est dans l’impasse, et dans ce genre de situation, chacun est devant ses responsabilités.
J’assume les miennes avec gravité, et avec le cœur serré car je sais le désarroi de nos militants.
Depuis le 20 novembre, je me suis fixé pour but de rendre justice à nos adhérents.
Ce combat pour la justice et la légalité dépasse largement ma personne. Dans ce combat, je ne calcule pas… Je livre une bataille pour des principes !
Mon but, ça n’est pas d’être déclaré vainqueur ou vaincu d’une élection à laquelle plus personne ne croit. La commission des recours peut proclamer ce qu’elle veut, son verdict est de toute façon discrédité aux yeux de nos adhérents comme aux yeux des Français.
Mon ambition, et notre ambition, est de faire en sorte que la flamme de la vérité ne soit pas étouffée à l’UMP.
Pourquoi ?
Parce que cette première élection véritablement démocratique de notre mouvement devait être exemplaire, pour le présent et pour l’avenir. Elle ne l’a pas été !
Si cela s’est passé comme cela maintenant, qu’en sera-t-il demain si nous ne disons rien ?
Cette culture du pouvoir, où tout est permis et où rien n’est transparent, n’est pas digne d’un grand parti moderne.
Mon devoir est donc de replacer notre parti sur des rails démocratiques solides.
Dans cette affaire, je défends une certaine conception de la politique.
Nous ne sommes pas propriétaires de notre mandat ou de notre parti. Nous ne sommes pas des chefs de clans régnant sur des affidés et des obligés. L’UMP appartient aux militants avant d’appartenir à ses dirigeants.
Durant 5 mois, j’ai tout fait pour que cette élection ne vire pas à la foire d’empoigne.
Au nom de l’unité, je n’ai jamais attaqué mon concurrent, malgré les critiques répétées dont j’ai été la cible.
Au nom de l’unité, j’ai malgré moi, accepté, ce qui n’aurait jamais été toléré dans un véritable parti démocratique, que le secrétaire général du mouvement puisse être en même temps candidat à l’élection à la présidence.
Il faut bien voir que si nous en sommes aujourd’hui là, c’est parce que le Centre National n’a jamais été en situation de tenir le rôle d’arbitre impartial et efficace de cette élection. Il a été détourné de sa mission d’intérêt général. Nous en payons le prix !
Au nom de l’unité, et malgré les zones d’ombres, j’ai pris acte des résultats, avant que les faits ne démontrent que trois fédérations étaient purement et simplement tombées à la trappe.
Il m’était impossible de passer sous silence ce fait grave et injustifiable, confirmé par le président de la COCOE lui-même.
Au nom de l’unité, j’ai alors proposé qu’Alain Juppé assume la direction provisoire de notre mouvement. Refus du secrétaire général !
Au nom de l’unité, j’ai soutenu la proposition de médiation d’Alain Juppé permettant un large audit des opérations de vote, et j’avais indiqué que je me plierai à son jugement. Refus !
Au nom de l’unité, j’ai accepté, dimanche, à la demande d’Alain Juppé, de saisir la commission des recours. Rien n’y a fait ! Tous nos gestes de conciliation, tous ceux d’Alain Juppé, ont été récusés et bafoués au prétexte d’une vague défense des statuts qui ne leurre personne.
Si, comme le dit Jean-François Copé, sa victoire est si sûre, pourquoi a-t-il craint le regard objectif et équitable d’Alain Juppé ? Poser la question, c’est y répondre !
Aujourd’hui, personne n’est en réalité président de l’UMP, et personne ne peut être heureux de cette situation qui nous affaiblit tous.
Tout pourrait nous pousser à claquer la porte.
Mais nous aimons notre parti, nous respectons nos militants et nos adhérents, nous représentons certainement la majorité de ceux qui sont allés voter, nous incarnons l’union de la droite et du centre qui fonde l’héritage de l’UMP, nous défendons une ligne politique à laquelle nous croyons : celle du redressement national et du rassemblement français.
Bref, l’UMP, c’est nous, sans complexes !
C’est nous, avec nos idéaux républicains; c’est nous avec la volonté de rassembler les Français autour de la liberté, de l‘égalité et de la fraternité ; c’est nous, qui combattons le dogme socialiste qui précipite le déclin de notre pays, et qui rejetons les populismes qui minent l’âme de la France.
Nous ne sommes ni vaincus, ni muets. Nous sommes debout et je ferai tout, jusqu’au bout, pour préserver l’unité de notre famille politique.
Aujourd’hui, au regard de l’impasse dans laquelle notre parti est enferré, au regard des fractures qui le menacent, au regard de l’absence de légitimité qui entoure nos instances, au regard des militants qui ont soif de rassemblement, de dignité et de clarté, je propose, dans un geste ultime de conciliation, la seule solution qui vaille, la seule solution qui soit sage, efficace et démocratique : je propose de revoter.
Militants, adhérents, élus, sympathisants, partout en France le principe d’une nouvelle élection est réclamé par ceux qui veulent sortir de cette mascarade par le haut.
Il n’est pas trop tard pour choisir la voie de la sagesse.
Il n’est pas trop tard pour démontrer que notre mouvement vaut beaucoup mieux que cette lutte fratricide, qui masque, c’est vrai, un débat de fond sur la ligne politique qui doit être la nôtre.
Je persiste et je signe : je crois que l’UMP n’a pas vocation à ne représenter qu’une partie de la droite, sous peine d’exploser, sous peine d’être étouffé par le centre et vampirisé par l’extrême droite, sous peine, au final, d’être incapable de rassembler une majorité de Français pour battre la gauche et redresser notre pays.
Pour moi, l’UMP doit être le parti de la France et parler à tous les Français. C’est ma conviction, mais je consens parfaitement qu’elle puisse être débattue entre nous.
Mes Amis,
La démocratie – la vraie démocratie ! – est la seule option qui soit digne des circonstances actuelles.
Je demande à Jean-François Copé une nouvelle élection dans les trois mois, sous le contrôle d’une commission indépendante dont la composition devra être incontestable et qui aura seule le contrôle des opérations de vote.
Dans l’attente de cette nouvelle élection, je propose aux députés de l’UMP la constitution d’un groupe parlementaire, qui aura pour nom « Le Rassemblement UMP ».
Son premier objectif sera d’exiger que la parole soit rendue aux militants. Il défendra la ligne politique du rassemblement de la droite et du centre qui constitue le cœur de notre formation politique.
Nous sommes UMP et nous restons à l’UMP, mais notre voix doit être entendue ! Dès lors qu’une nouvelle élection serait décidée dans des conditions optimales, notre groupe rejoindra immédiatement le groupe de l’UMP de l’Assemblée nationale.
Chacun doit bien mesurer la portée de l’action que nous engageons aujourd’hui : soit notre appel est entendu et alors nous sauverons l’UMP ensemble par la démocratie, soit notre appel est méprisé, et alors j’en tirerai toutes les conséquences politiques.
Notre main est tendue, elle est ferme mais elle est juste puisqu’elle ne réclame rien d’autre que de remettre le sort de l’UMP entre les mains des militants.
Rien n’est plus légitime, rien n’est plus transparent, rien n’est plus noble que d’en appeler à l’arbitrage de nos adhérents.
Voilà, mes amis, la stratégie que je vous propose.
J’ai longuement pesé mes choix. Je n’ai pas l’habitude d’agir dans la précipitation.
Je ne dissocie pas l’avenir de notre parti de l’avenir de mon pays.
Si je me bats, si j’insiste, c’est parce que ce que le redressement de notre nation dépend pour beaucoup de la capacité de l’UMP à surmonter cette crise et à montrer aux français l’exemple de la transparence, de la droiture et du respect des valeurs qui fondent la république.
Vive la République et vive la France.
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