Je ressens du plaisir à être parmi vous, comme un militant parmi les militants.
Je suis à la fois heureux, réconforté de nous voir tous ensemble, et bien décidé à faire du passé une force positive et non une source de rancœurs.
Nous nous retrouvons après plusieurs mois difficiles pour notre mouvement.
Durant cette crise, je me suis tenu à deux objectifs: redonner la parole aux militants et préserver l’unité de l’UMP.
J’ai refusé de claquer la porte de notre maison commune car vous êtes ma famille politique ! Et dans une famille politique, on ne se divise pas lorsque la France va mal.
J’avais indiqué que le jour où le principe d’une nouvelle élection serait acté, je dissoudrai notre groupe parlementaire. J’ai tenu parole !
De son côté, Jean-François Copé a respecté son engagement en acceptant une nouvelle élection, une profonde réforme de nos statuts et une direction collégiale.
Notre accord tient, et il tiendra aussi longtemps que nous agirons ensemble dans l’intérêt de notre parti.
Quel est son intérêt et quels sont nos devoirs ?
D’abord, démontrer aux Français qu’une autre politique est possible et nécessaire car il faut un refuge aux espérances déçues de notre peuple.
Depuis neuf mois, notre pays s’enfonce dans les marais de la récession sans qu’aucune initiative, aucune décision du gouvernement n’intervienne pour organiser son sauvetage.
Alors que nous devrions mettre le pied sur l’accélérateur sur l’investissement, sur la compétitivité et sur le désendettement, la France redevient championne d’Europe des impôts, des dépenses publiques et des recrutements de fonctionnaires.
Dans la panique, la majorité nous ressort même le spectre de la «nationalisation», au risque de le voir faire tache d’huile partout où des difficultés se présentent.
La gauche promettait monts et merveilles face aux plans sociaux. Aujourd’hui, les salariés exigent moins de démagogie et plus de crédibilité.
J’ai rencontré la semaine dernière les délégués syndicaux de Petroplus : comment ne pas comprendre leur lassitude devant les rodomontades et les approximations du gouvernement.
Pour eux comme pour d’autres, rien n’est pire que ces faux espoirs qu’on leur fait miroiter, rien n’est pire que cette mielleuse empathie de gauche qui masque l’impuissance des pouvoirs publics.
Mieux vaut la vérité et l’action qu’une compassion cynique, parfumée de communication.
L’avertissement que je lançais aux électeurs en 2012 se confirme: le socialisme n’est pas fait pour sortir de la crise car il est intrinsèquement formaté pour nourrir les rêves, pas pour affronter les réalités !
La stratégie économique du gouvernement est incompréhensible.
Le moteur de la consommation est noyé par l’augmentation des impôts, les socialistes préférant demander aux ménages de payer la note des déficits plutôt que d’exiger de l’Etat qu’il se serre la ceinture.
Ce choix de l’impôt plutôt que celui de la baisse résolue des dépenses publiques provoquera un tarissement de la consommation.
Le moteur de l’investissement est paralysé par les récriminations incessantes et démagogiques à l’endroit du capital.
Le gouvernement n’étant pas à une contradiction près, il stigmatise les fortunes de France mais supplie les investisseurs étrangers de venir sauver nos entreprises malades.
Quant au moteur de l’emploi, on utilise toutes les ficelles des contrats aidés qui ne résolvent nullement les blocages de notre marché du travail.
Tous les moteurs étant grippés, il est malheureusement clair que 2013 s’annonce sous ses auspices les plus sombres.
Le taux de croissance de 0,8% prévu par le gouvernement ne sera pas atteint.
Le seuil des 3% de déficit ne le sera pas non plus.
Quant au chômage, je crains que le pic du pire ne soit pas encore atteint.
Aux errements économiques du gouvernement s’ajoute une démission européenne dont François Hollande est personnellement responsable.
Le couple franco-allemand n’est plus considéré comme une priorité.
L’anniversaire du traité de l’Elysée a révélé l’absence totale de volonté commune pour imposer un pilotage serré de la zone euro et imaginer une stratégie économique concertée.
L’occasion était pourtant belle pour tracer des perspectives : sur la fiscalité de nos entreprises qui doit converger, sur nos investissements du futur qui doivent être conjugués, sur la gouvernance de l’Union européenne qui doit être renforcée.
Il est affligeant de constater que sur la négociation du budget européen comme sur les déclarations de David Cameron, la France et l’Allemagne n’aient pas parlé d’une seule et même voix.
L’Europe stagne, la crise poursuit ses dégâts, et sur le plan intérieur, la France se déchire.
Comment ne pas être désolé de voir notre pays s’affronter sur la question du mariage, alors qu’il devrait être rassemblé pour sortir de sa déprime économique et sociale.
Sur ce projet de loi, nous avons débusqué le gouvernement sur les points les plus sensibles: je veux parler de la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui qui sont pour moi des lignes rouges infranchissables.
Pour la France, l’UMP a le devoir de parler fort mais aussi le devoir de retrouver ses racines locales.
L’année prochaine, à la même date, nous serons plongés dans la bataille des municipales.
Nous devons enclencher le travail de la Commission Nationale des Investitures à laquelle j’ai accepté de participer.
Il faut aller vite pour permettre à nos candidats de se mettre en action.
Et il faudra, dans un second temps, faire le point avec nos partenaires de l’UDI pour examiner les meilleures stratégies pour vaincre.
On dit souvent que les élections intermédiaires sont favorables à l’opposition… Oublions cet argument trompeur et démobilisateur !
En zone rurale, il va falloir labourer le terrain qui nous a échappé ces dernières années.
En zone urbaine, il va falloir renouer avec un électorat citadin qui ne reconnait plus en nous.
Ne nous y trompons pas, le combat sera rude, et je serai totalement engagé pour aider tous ceux d’entre vous qui porteront nos couleurs.
L’UMP doit être mobilisée et pleinement unie, et pour cela, il faut savoir définitivement clore la crise démocratique que nous avons traversée.
Il ne s’agit pas seulement de solder le passé; il s’agit surtout de sécuriser l’avenir afin que notre fonctionnement interne ne puisse plus jamais nous mettre en situation de rupture.
Nous devons rénover nos statuts afin que notre mouvement puisse en toute occasion se montrer exemplaire dans ses scrutins internes.
Pour la présidence de l’UMP comme pour les primaires ouvertes de 2016, nos règles doivent être claires et acceptées par tous.
La Commission des statuts va se mettre au travail, et je ne doute pas que nous puissions définir un cadre solide, digne d’une grande formation politique moderne.
Qu’est-ce qu’une grande formation politique moderne, et au surplus, une formation qui est dans l’opposition ?
C’est un lieu de débat où la démocratie n’est jamais un problème mais une chance.
C’est une force de rassemblement qui écoute et accueille tous ceux qui ont quelque chose de nouveau et de différent à nous dire.
C’est un relais de réflexion et de militantisme avant d’être une machine administrative.
C’est une organisation où la sélection des dirigeants n’est pas un psychodrame mais une source de vitalité, où la désignation de notre candidat à l’élection présidentielle s’appuie sur des bases populaires.
Pour tout dire, c’est un lieu républicain qui réconcilie les Français avec la politique.
Clore la crise, c’est aussi assumer le principe d’une nouvelle élection.
Avec Jean François, nous sommes tombés d’accord sur le fait que le meilleur moyen de repartir du bon pied était de revenir vers les adhérents.
Je sais que certains s’interrogent sur la nécessité d’un nouveau processus électoral au prétexte que nous avons trouvé un accord pour faire fonctionner notre mouvement.
Je crains que cet argument ne donne le sentiment à nos militants et à nos sympathisants que les dirigeants s’arrangent entre eux dans leur dos…
Nous aurons l’occasion de reparler de cette élection d’ici le printemps, mais dans l’intervalle, évitons les coulisses et soyons transparents et sans calculs.
Le principe de l’élection dépasse nos intérêts immédiats, il dépasse ma personne et celle de Jean-François: c’est une question de confiance démocratique entre nous tous et les adhérents.
Cette confiance retrouvée doit être le tremplin d´une ambition collective pour la France.
En moins d’une année, la gauche a déjà perdu ses soutiens et ses espoirs. C’est la rançon d’une élection gagnée sur des chimères.
Mais soyons lucides, nous ne sommes pas en meilleure situation. Du moins, pas encore !
La défaite des présidentielles et des législatives nous a blessée, et l’élection du 18 novembre nous a abimée.
Nous sommes en convalescence, et nous avons devant nous un vrai travail de rénovation intellectuelle et de réconciliation avec les Français.
Ne craignons pas, mes amis, ce travail sur nous-mêmes car c’est lui qui nous permettra de retrouver le cœur de nos concitoyens et de battre la gauche.
La battre, non par défaut, non par accident, mais la battre sur nos atouts et sur nos valeurs; la battre parce que les Français sentiront en nous une force ressourcée et crédible, une force capable d’entraîner la France et de servir dignement la République.
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