Benoist Apparu, député UMP de la Marne et ancien secrétaire d’Etat et ministre délégué du logement entre 2009 et 2012, annonce son soutien à François Fillon dans la course à la présidence de l’UMP face à Jean-François Copé. Les militants sont appelés à départager les deux candidats le 18 novembre.
Jusqu’à présent, vous n’avez pas souhaité prendre parti dans la compétition qui oppose Jean-François Copé à François Fillon. Pourquoi ?
Benoist Apparu : Je n’avais effectivement au départ pas souhaité prendre part à cette compétition, non pas par refus de choisir ni par manque de courage, mais parce que je n’étais pas favorable à ce casting. Je considérais que c’était une erreur pour l’UMP d’avoir un président qui prenne le parti dans la perspective de la présidentielle de 2017.
Nous avons accepté l’idée d’une primaire : c’est en 2016 et pas avant que se tranchera la question du leadership. Or chacun sait bien que François Fillon comme Jean-François Copé veulent la tête du parti pour se projeter dans la présidentielle de 2017.
J’aurais préféré des candidats, un président désintéressés pour 2017, pour bâtir un nouveau projet pour l’UMP et préparer les élections intermédiaires. A partir du moment où François Fillon et Jean-François Copé ont souhaité engager la bataille du leadership dès maintenant, on prend le risque que, dès le lendemain de sa défaite, le challenger remonte sur son cheval pour préparer la primaire de 2016, et que donc le combat continue.
Avez-vous changé d’avis ?
Mon analyse n’a pas changé, mais la campagne me pousse aujourd’hui à annoncer mon choix. Jean-François Copé a décidé de faire campagne sur ce qu’il appelle la droite décomplexée. A l’origine, Alain Juppé avait souhaité que notre formation politique rassemble toutes les sensibilités du centre et de la droite. C’est notre bien commun, et avec d’autres, je me battrai pour que cela reste la philosophie de l’UMP.
Aujourd’hui, j’ai le sentiment que Jean-François Copé fait bouger le centre de gravité de l’UMP vers la droite, et cela à l’heure de la création de l’UDI [Union des démocrates et indépendants] par Jean-Louis Borloo.
L’UMP doit plus que jamais assumer sa diversité, sauf à vouloir recréer de fait les deux partis d’antan, le RPR et l’UDF. Le rôle du président de l’UMP est d’incarner ce qui nous rassemble, celui des motions est de faire vivre nos différences. Le président de l’UMP n’est pas là pour représenter l’une des sensibilités. C’est la raison pour laquelle je voterai pour François Fillon, qui me semble le plus à même de rassembler l’ensemble des sensibilités de l’UMP, et préserver ainsi ce qui fait l’originalité de notre formation politique.
Qu’est-ce qui vous a heurté dans la campagne de M. Copé ?
Les propos de Jean-François Copé sur le « racisme anti-Blancs » et les « pains au chocolat » ne me heurtent pas en tant que tels. Masquer ces réalités, c’est faire le lit du Front national, et je n’accepte pas les leçons de morale de la gauche bien-pensante, qui s’allie avec le Front de gauche et profite sans complexe de la montée du FN.
Mais dénoncer cette réalité et en faire l’axe principal de sa campagne électorale, ce n’est pas la même chose. Et, de ce point de vue, Jean-François Copé fait dériver plus à droite l’UMP. Je crains que toutes les composantes, toutes les sensibilités de notre famille politique ne se retrouvent pas dans cette direction-là. Ces positions fragilisent l’unité de notre famille politique.
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