Le premier budget de François Hollande est un budget de rigueur. Le jugez-vous équilibré ?
Je sais à quel point il est difficile de faire un budget dans des circonstances économiques aussi délicates, mais je regrette les choix qui ont été faits par le gouvernement. C’est un budget qui va mécaniquement provoquer une aggravation du chômage, voire plus. Les entreprises sont tétanisées.La plupart d’entre elles ont arrêté leurs projets d’investissements. Ce budget va provoquer une baisse de la consommation et frappera tous les Français, pas uniquement les plus aisés.
Il ne fallait pas augmenter les impôts ?
J’aurais aimé que l’effort de l’État soit beaucoup plus important : vingt milliards d’économies pour l’État et dix milliards pour les impôts. Les dix milliards d’économies qui sont proclamés par le gouvernement sont le résultat de mesures qui ont déjà été prises : les retraites, la révision générale des politiques publiques, etc. Ces économies socialistes sont un leurre ! Ce budget est totalement inadapté à la situation économique de notre pays et nous conduit à une récession en 2013.
Le gouvernement a-t-il eu raison de geler des investissements d’ampleur et de renoncer à des grands travaux ?
C’est exactement le contraire de ce qu’il faut faire. Il faudrait continuer à réduire les dépenses de l’État et notamment les effectifs de la fonction publique, et poursuivre les investissements productifs.C’est un budget à courte vue.Il ne permettra ni de relancer la croissance, ni d’atteindre les objectifs de réduction des déficits publics. Ce budget ne fait pas de choix et donne l’impression d’une très grande impréparation. François Hollande et Jean-Marc Ayrault découvrent la gravité de la crise et n’ont pas vraiment réfléchi aux solutions à lui apporter.Les plans sociaux se multiplient, les difficultés s’accumulent.
Le gouvernement a-t-il la capacité d’agir ?
Il doit engager une politique vigoureuse pour redonner de la compétitivité à l’économie française et pour cela il doit renoncer à son programme électoral. Tout le reste n’est que littérature. La seule politique possible pour éviter les plans sociaux est d’aller vers plus de liberté en matière de travail, et donc la fin des 35 h obligatoires pour tout le monde.Il faut ensuite mener une politique de baisse des charges avec le transfert sur la TVA, ce que nous avions commencé à initier, tardivement je le reconnais. Enfin, il faut permettre aux entreprises d’investir. Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la compétitivité des entreprises françaises face à la crise.
L’industrie française a-t-elle vraiment un avenir ?
Elle a un avenir si on se réveille et se réforme.Nous avions engagé une politique de réduction des charges des entreprises. Or cette décision est remise en cause. Nous sommes dans un processus de déclin face aux économies asiatiques et aux économies émergentes. Toute la question est de savoir si on accepte de se retrousser les manches et de mener les réformes nécessaires ou si l’on baisse les bras.
Comment jugez-vous les difficultés rencontrées par le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg ?
Il s’est exprimé avec tellement d’arrogance, donnant des leçons à la terre entière, dans l’opposition puis ensuite quand il est arrivé au pouvoir en disant qu’il allait pouvoir sauver des entreprises et aujourd’hui l’élastique lui revient dans la figure ! Il prend claque sur claque mais c’est lui qui a ouvert la boîte à gifles ! Il n’a aucune solution parce que celle-ci réside dans l’amélioration de la compétitivité de l’économie.
Mais il est au côté des salariés ?
Les salariés ont bien compris que cela ne sert à rien d’avoir un ministre qui se transforme en syndicaliste. Ils ont besoin de quelqu’un qui apporte des solutions et dise la vérité. Il n’y a rien de pire que de laisser les gens dans l’illusion.Parce que la désillusion est génératrice de conflit et peut-être demain de violence.
Vous en tirez une leçon ?
J’essaie d’avoir un langage modéré, de ne pas faire dans la caricature et de ne pas promettre aux Français que tout sera facile demain. Parce qu’on ne peut pas gouverner quand on a menti.
Les questions des internautes
Othman Nasrou : Quelle sera votre première décision si vous êtes élu président de l’UMP ?
« Ce sera de proposer à tous les candidats à l’élection à la présidence de l’UMP d’exercer des responsabilités dans notre équipe. »
Gilles Rattier : Regrettez-vous l’absence de volonté politique autour du projet de Grand Prix de France F1 au Castellet ?
« Oui, je le regrette. On était arrivé à une proposition raisonnable qui permettait de ne pas engager les finances de l’État, qui reposait sur la volonté des collectivités locales et de l’organisateur. J’ai entendu que la ministre disait que le plan de financement n’était pas bouclé : à partir du moment où ce sont les collectivités locales qui prennent la responsabilité, pourquoi les empêche-t-on de le faire ? Il y a des arrières pensées liées à une certaine proximité avec Magny-Cours qui ne me parait pas dans la course. C’est vraiment dommage ! »
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