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A l’occasion de son déplacement à Dijon, François Fillon à répondu aux questions de la Gazette de côte d’Or.
Dans cette élection interne la différence se manifeste-elle plus sur la forme ou sur le fond ?
FRANÇOIS FILLON : Nous sommes tous les deux de la même famille politique et partageons les mêmes valeurs, celles de l’UMP. Nos différences relèvent davantage de nos personnalités, de nos parcours et de nos expériences. Je veux porter un projet de redressement national, qui incarne l’espoir, et qui rassemble les familles de la droite et du centre. Pour moi, le renouveau de notre parti n’est pas dissociable du renouveau de notre pays.
Benoist Apparu, dans une interview au Monde du 27/10, estime que Jean-François Copé « fait bouger le centre de gravité de l’UMP vers la droite ». Partagez-vous son sentiment ?
Je n’ai pas pour habitude de porter un jugement sur Jean-François Copé. Je préfère parler de mon projet pour ma famille politique, pour la France. C’est aux adhérents de l’UMP d’établir des nuances entre Jean-François et moi. J’ai dit tout au long de cette campagne, que le débat consistant à savoir si l’UMP doit être plus à droite, moins à droite ou plus au centre ne m’intéressait pas. J’ai engagé ma candidature, dès juillet dans le sens d’un large rassemblement. J’estime que dans le contexte actuel, la priorité doit être au rassemblement du peuple français autour d’un projet de redressement national. Face à la désillusion des Français qui ont cru aux mensonges et aux promesses des socialistes, c’est à l’UMP d’incarner dès le 18 novembre le rassemblement.
Ce glissement vous inquiète-t-il ?
Oui, car en période de crise, nous avons plus que jamais besoin de rassembler les Français. C’est une exigence morale. Pour gagner les prochaines élections que sont les municipales il nous faudra rassembler la droite et le centre, et incarner une espérance pour la France. Il nous faudra aussi retrouver la confiance des Français qui se sont laissés tenter par les populismes ou encore les électeurs modérés qui nous ont abandonnés. Si j’ai la confiance des militants, mon rôle sera d’atteindre ces objectifs, assurant ainsi l’unité de l’UMP tout en respectant l’ensemble des sensibilités qui composent notre famille politique. C’est un préalable essentiel à la reconquête du cœur de nos compatriotes.
Quelle impression vous laisse pour l’instant cette campagne interne ?
Cette élection, est un moment démocratique important dans la vie du parti. J’aurais souhaité que d’autres candidats puissent concourir afin d’élargir encore le débat. Il faudra qu’à l’avenir les règles du jeu soient plus simples et plus démocratiques.
Le vif intérêt que suscite cette élection interne auprès de nos adhérents est une grande satisfaction. Dans le cadre du tour de France que j’ai entrepris, je suis chaque jour accueilli dans des salles combles par des militants inquiets de la situation de notre pays et impatients de voir le parti remis en ordre de bataille pour engager la reconquête. Partout où je vais, je sens la fierté de nos militants et leur volonté d’opposer sans tarder à la gauche une autre vision de la France. Ils ont compris que l’enjeu de ce vote dépasse le simple choix de la nouvelle direction du parti. L’indicateur clé du succès de cette élection sera celui de la participation au vote.
Le PS avait réussi à lancer une réelle dynamique suite à sa primaire. L’UMP pourrait-elle faire de même après cette élection interne ?
Le 18 novembre doit être la première marche de la reconquête. C’est pourquoi il faut une forte participation de nos militants. Un scrutin réussi sera un signal très important envoyé à tous les Français. Nous devons incarner l’espoir et cela passe par la capacité de nos adhérents à faire partager cet espoir en désignant en masse un nouveau président de l’UMP.
Regardez-vous avec intérêt la création de l’UDI ?
La création de l’UDI me renforce dans ma conviction et mon ambition qui sont de tout faire pour que l’UMP incarne les valeurs du centre et de la droite Je respecte la démarche de Jean-Louis Borloo mais pour ma part je ferai tout pour que les valeurs du centre continuent à être portées par l’UMP et pour que les centristes s’y sentent bien. Je suis heureux et fier que Pierre Méhaignerie comme Éric Ciotti par exemple se retrouvent dans ma candidature et dans mon projet pour la France. Plus que jamais, il est fondamental de garder l’unité de l’UMP.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault ne cesse de montrer des défaillances. Quels conseils lui donneriez-vous ?
Je n’ai pas de conseils à donner à l’exécutif, si ce n’est de cesser d’agir par sectarisme comme il l’a fait depuis ces six derniers mois. Gouverner c’est agir dans l’intérêt général, pour l’ensemble des Français aussi bien ceux qui ont accordé leur vote à François Hollande que ceux qui ont fait un choix différent. Or depuis le début du quinquennat l’exécutif a poursuivi sa campagne uniquement fondée sur l’anti-sarkozysme. Ils ont passé au bulldozer toutes les réformes réalisées par mon gouvernement : je pense notamment à la défiscalisation des heures supplémentaires et à la TVA anti délocalisation qui aurait permis de faire baisser le coût du travail et de frapper les produits importés. Pourquoi ne pas avoir maintenu cette réforme quitte à l’expérimenter et à l’évaluer ? Par sectarisme, le gouvernement s’est privé d’une réforme qui pouvait ranimer la croissance. Depuis mai, le gouvernement conduit une politique anti-entreprise, dépensière où l’impôt est partout et les réformes nulle part. Cette politique nous conduit tout droit vers la récession. Avec son cortège de frustrations et le risque de nombreuses répercussions sociales.
Les 35 heures font encore l’actualité. Pourquoi, quand vous étiez Premier ministre, ne pas les avoir supprimées ?
Nous avions choisi avec Nicolas Sarkozy la méthode douce en défiscalisant les heures supplémentaires. Nous pensions avoir le temps d’habituer les Français à une augmentation progressive du temps de travail. Mais aujourd’hui la crise économique nous oblige à choisir une méthode plus lourde. Si nous n’augmentons pas le temps de travail, il y a un risque de baisse des salaires. C’est pourquoi je propose d’abroger les 35 heures. Nous devons supprimer la référence à la durée légale du temps de travail et autoriser une négociation collective dans les entreprises sur le temps de travail, dans la limite des règles européennes. Si cela ne recueille pas l’assentiment majoritaire, devant la gravité de la crise, il faut augmenter d’une à trois heures le temps de travail dans les entreprises comme dans les fonctions publiques. Je regrette que la prise de conscience du Premier ministre ait été furtive. Jean-Marc Ayrault doit prendre la mesure de la nécessité d’ouvrir un tel débat, dans l’intérêt de la France, loin des considérations idéologiques.
Dans cette dernière ligne droite avant le début de cette élection interne, quel message fort souhaitez-vous faire passer pour convaincre les derniers militants indécis ?
Le risque de déclin qui pèse sur notre pays est réel. Chaque jour qui passe renforce l’objectif que je me suis assigné : celui de rassembler les Français autour de l’UMP pour engager le combat du redressement national. Ma conviction, c’est que notre élection est bien plus qu’une affaire interne. Face à un pouvoir socialiste désemparé, face aux difficultés de notre pays, l’UMP ne doit pas seulement dénoncer et protester, elle doit porter un projet d’alternance solide et crédible, un projet d’espoir pour tous les Français. Dès le 18 novembre nous pouvons envoyer un signal fort aux Français : oui il y a des hommes et des femmes qui peuvent incarner une nouvelle espérance commune .
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