La tuerie d’Echirolles soulève l’émotion profonde de tous les Français. S’y mêle un sentiment de révolte devant tant de sauvagerie. Je pense aux parents et aux familles endeuillées, je pense aux amis déchirés par ce drame effrayant et inexcusable. Je m’associe à leur douleur et nous leur devons une justice rapide et inflexible.
La violence meurtrière traverse naturellement toutes les époques, mais comment ne pas voir dans le lynchage de deux jeunes le signe d’une barbarie contemporaine ? Un « mot de travers », « un regard de travers », et voici qu’en France, au XXIème siècle, le tabassage et la mort peuvent être au rendez-vous.
L’enquête nous éclairera sur les circonstances de ce meurtre qui s’apparente à un massacre. Mais ceux qui réduisent ce drame à un «simple et triste fait divers» ont tort. Il s’agit d’un fait de société qui nous interpelle tous : élus, parents, médias, enseignants, justice…
La vérité, c’est que les valeurs de la République et les vertus humaines et civiques ne s’imposent plus sur les lois de la rue. La vérité, c’est que la violence s’est banalisée, et que certains jeunes et moins jeunes s’en nourrissent et se flattent d’imposer leurs rapports de force sur ceux qui refusent d’entrer dans leur univers clanique et violent.
Faute d’avoir été éduqués, faute d’avoir été réprimandés, faute d’avoir été sanctionnés à la première dérive, des petits voyous deviennent meurtriers. La société n’a pas tous les torts, et je refuse de dire que les assassins de Kevin et Sofiane n’étaient pas maîtres de leurs choix. Ils sont responsables de leurs actes, responsables d’avoir volontairement méprisé la frontière qui distingue le bien et le mal. Ceux qui invoquent abondamment les raisons sociales de cette violence injurient tous ceux, familles et jeunes, qui dans des conditions de vie identiques à celles des voyous se comportent avec dignité et responsabilité.
Face à la culture de la violence, la fermeté de la police et de la justice doit être implacable. Mais le combat est aussi moral, intellectuel, éducatif. C’est toute notre société qui doit se dresser contre la haine et ce culte méprisable de la brutalité qui mine la vie de nos quartiers.
François Fillon
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